Depuis son indépendance, la Tunisie connaît des avancées majeures remarquables en matière de droits des femmes, comparativement à d’autres pays de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA). Depuis la promulgation du Code du statut personnel (CSP) en 1956, code qui a remplacé la répudiation par le divorce et aboli la polygamie, jusqu’à la promulgation en 2017 de la loi intégrale de lutte contre les violences faites aux femmes et la nomination d’une femme à la tête du gouvernement en 2021, la Tunisie apparaît à l’avant-garde de l’égalité des sexes. Malheureusement, cette vision idyllique s’est aussitôt heurtée avec la persistance des inégalités juridiques, notamment le maintien de l’inégalité successorale, l’attribution du rôle de chef de famille au mari ou au père (article 23 du CSP) ainsi que le droit de contraindre la femme à la consommation du mariage en contrepartie du paiement de la dot (article 13 du CSP). De plus, l’entrée des femmes sur le marché de l’emploi n’a pas entraîné une égalité en matière de ressources et d’emploi, dans la mesure où la population active féminine représente près du tiers de la population active masculine en 2021.

Outre ce qui précède, le contexte général de transition dite démocratique dans lequel se trouve la Tunisie depuis 2011 a grandement affecté la situation de la femme et renforcé les différences entre les sexes. Malgré l’amélioration des indicateurs de participation à la vie politique en matière d’affiliation aux partis ainsi qu’aux associations politiques et de participation aux élections ainsi qu’aux conseils représentatifs, cette avancée n’a pourtant pas impliqué une réduction des phénomènes de violence auxquels les femmes sont exposées sur la scène publique. Elle n’a pas non plus modifié de manière significative la situation générale en ce qui a trait à l’accès des femmes aux postes de responsabilité. La multiplication par deux du taux de violence à l’égard des femmes pendant la pandémie de COVID est sans doute l’un des indicateurs qui pointent la fragilité des acquis des femmes tunisiennes au fil des décennies, et des dangers persistants qui pèsent sur les plus vulnérables d’entre elles.

Tous ces éléments expliquent pourquoi les femmes ainsi que les organisations de la société civile continuent à militer pour la promotion des droits de la femme et des droits humains. Pour soutenir cet effort et continuer à lever les obstacles à l’égalité entre les sexes en Tunisie, il est nécessaire d’approfondir la recherche et améliorer la compréhension des attitudes ainsi que des croyances autour des masculinités. IMAGES Tunisie est une publication d’ONU Femmes qui s’appuie sur le projet mondial IMAGES, dont l’objectif est de mieux comprendre les pratiques des hommes et des femmes en matière d’égalité des sexes dans le monde et dans la région MENA. Initialement | 1 |réalisée par Equimundo (anciennement Promundo-US, en partenariat avec l’Instituto Promundo) et le Centre international de recherche sur les femmes, IMAGES est l’une des études les plus complètes jamais réalisées sur les pratiques et les attitudes des hommes à l’égard des politiques d’égalité entre les sexes, au même titre que celles des femmes. Les questionnaires IMAGES font appel à une grande variété de méthodes pour enquêter sur la violence basée sur le genre, la santé et les pratiques liées à la santé, la répartition des tâches au sein du ménage, la participation des hommes aux soins et en qualité de pères, les attitudes des hommes et des femmes à l’égard du genre et des politiques liées au genre, les rapports sexuels transactionnels, les rapports des hommes sur les comportements criminels et la qualité de vie.

Les principales conclusions

  • Les attitudes liées au sexe varient de façon signifiante d’un groupe démographique à l’autre. Ce sont particulièrement les plus jeunes hommes qui ont les perspectives les plus restrictives.
  • Les hommes et les femmes tunisiens interrogés dans le cadre de l’enquête semblent être fondamentalement en désaccord les uns avec les autres sur la question de savoir si l’égalité des sexes est une quête noble et nécessaire en Tunisie.
  • L’accès des femmes au marché du travail ainsi que leurs conditions de travail demeurent assujettis à une division sexuelle du travail social.
  • Les hommes et les femmes semblent indécis et en désaccord quant au rôle économique que doivent jouer les femmes dans un monde en mutation.
  • Nous constatons de grandes divergences (et même des avis diamétralement opposés) lorsqu’il s’agit de soutenir les nouvelles protections juridiques en faveur de l’égalité des sexes.
  • Les participants de l’enquête qualitative ont eux aussi des avis divergents et nuancés en ce qui concerne les garanties de protection que la loi offre aux femmes.
  • Selon des études, la participation des hommes et des pères aux soins de l’enfant et de la mère avant même la naissance prépare le terrain pour une implication plus poussée et des rôles plus égaux une fois le bébé arrivé.
  • Les prestataires de soins de santé ont un rôle important à jouer pour la promotion de l’égalité des sexes ; ils peuvent par exemple développer des stratégies pour attirer et retenir les pères dans les centres de soins prénataux.
  • Les hommes adultes interrogés dans le cadre de l’enquête laissent souvent (comme c’était le cas dans leur maison d’enfance) les travaux de soins aux femmes (cuisine, nettoyage, bain) et ne s’impliquent eux-mêmes que dans les tâches moins contraignantes.
  • La violence exercée par un partenaire intime n’est jamais un acte isolé et englobe la violence physique ainsi que les différentes formes de violence psychologique, économique et sexuelle.

 

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