En matière d'égalité des sexes et de masculinité saine, l'histoire que nous allons partager est tout simplement inspirante. Elle détaille la création d'un programme novateur et son impact transformateur dans deux pays d'Afrique de l'Ouest : la Guinée et le Mali, où un projet mis en œuvre par l'UNFPA a été renforcé avec le soutien d'Equimundo, soulignant ainsi le pouvoir de la collaboration interdisciplinaire.
Le Bureau régional de l'UNFPA pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre (WCARO) a démarré un partenariat avec Equimundo en 2018 pour leur Projet SWEDD, qui vise à stimuler le dividende démographique, à réduire les inégalités entre les sexes et à améliorer la planification familiale dans la région. L'objectif principal de cette collaboration était d'introduire des approches transformatrices de genre (GTA) dans les écoles des maris et futurs maris (HS, FHS) de l'UNFPA, où, malgré des résultats remarquables, l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes subsistaient d'importantes lacunes.
En tant qu'expert dans le domaine des masculinités et de l'engagement masculin, Equimundo a été invité à fournir une assistance technique et une formation aux animateurs et formateurs HS afin qu'ils puissent constater des changements dans les normes masculines néfastes.
Les Écoles des Maris sont passées de six pays initialement à treize, Equimundo offrant une assistance technique continue et tirant profit des expériences uniques de chaque pays. Afin de distinguer ce programme modifié des Écoles des Maris traditionnelles, Equimundo a adopté un nouveau nom : CDM/CDFM (Club des Maris et Club des Futurs Maris), adapté au contexte local de chaque pays.
Shamsi Kazimbaya, chargée de programme principale chez Equimundo, s'est rendue en Guinée, nouveau pays participant au projet SWEDD, et au Mali, l'un des pays les plus expérimentés, afin d'observer la situation sur le terrain, de constater l'adhésion des communautés au programme, d'entendre leurs témoignages de changement et de comprendre comment les Clubs des Maris aident les hommes à changer de mentalité et à s'impliquer davantage dans la vie de leur famille. Ce voyage visait également à recenser les difficultés rencontrées.
Lors de sa visite en Guinée, Shamsi a animé un atelier d'orientation à Kindia. Des maris traditionnels, appelés localement « Maris Modèles », ont été invités à partager leurs expériences et à découvrir en quoi l'approche CDM/CDFM différait de l'approche traditionnelle. Un Mari Modèle (mari modèle), après les discussions du premier jour, a réalisé qu'il avait beaucoup à apprendre et a immédiatement appliqué ses nouvelles connaissances pour améliorer la communication avec sa femme. Il l'a appelée le soir même et a constaté à quel point leur communication s'était améliorée – un changement radical par rapport à sa façon de communiquer auparavant. Lorsqu'il a ensuite raconté son histoire, tous les participants ont été stupéfaits.
En Guinée, l'atelier comprenait deux activités tirées des manuels du CDM : une clarification des valeurs de genre et une exploration des dynamiques de pouvoir. Ces activités ont révélé que, si les Maris Modèles pensaient promouvoir l'égalité des sexes, certaines de leurs réflexions renforçaient involontairement les inégalités entre les sexes. Par exemple, une Mari Modèle estimait que les femmes devaient reconnaître l'intelligence des hommes pour maintenir l'harmonie au sein du foyer, tandis qu'une autre estimait que l'autonomisation financière des femmes était source de problèmes et menait finalement au divorce.
Ces observations soulignent l'importance du travail d'Equimundo pour remettre en question les normes de genre traditionnelles dans ces communautés. Par exemple, l'activité « Personnes et choses » (utilisée lors de l'atelier en Guinée, voir les images ci-dessus), issue du programme des Clubs des Maris, est un exercice puissant, transformateur et parfois émouvant, car il sensibilise les participants à l'existence du pouvoir dans les relations, les aide à réfléchir à la façon dont les gens communiquent et expriment leur pouvoir, ainsi qu'à son impact. Lors des discussions qui ont suivi l'exercice, les participants ont réfléchi au genre et aux relations entre hommes et femmes dans leur communauté, établissant des liens entre la façon dont on peut se sentir opprimé ou traité comme un « objet » dans certaines de ses relations et la façon dont on peut, à son tour, traiter les autres comme des « objets ». Cela encourage finalement à réfléchir à la manière dont ces liens peuvent motiver les participants à construire des relations plus équitables avec les femmes au sein de leur foyer et de leur communauté.
La situation au Mali, cependant, est contrastée. Les hommes maliens ont fièrement partagé leur évolution et leur décision de briser les barrières culturelles pour s'impliquer davantage dans la vie de leur famille, en partageant les tâches ménagères avec leur femme et en s'occupant de leurs enfants, par exemple.
Une visite à un club de maris du village de Fougani, au Mali, révèle l'histoire de Modibo, qui décrit fièrement sa transition vers un « mari modèle » en participant activement aux tâches traditionnelles des femmes, comme la cuisine. La réaction de son ami, qui s'est écrié « Gnougoutiguè Modibo » ou « Modibo, coupeur d'épinards », illustre l'humour et la résilience de leur quête de changement.

Les hommes, souvent appelés « tiemoussoman » (hommes devenus comme des femmes), ne se laissent pas décourager par les étiquettes. Ils se concentrent sur l'impact positif qu'ils créent au sein de leurs familles et de leurs communautés. Les femmes, y compris leurs épouses et voisines, affirment les changements et leur bonheur et plaident pour l'inscription d'un plus grand nombre d'hommes aux Clubs des Maris. D'ailleurs, une évaluation d'impact à mi-parcours du SWEDD menée dans un autre pays, la Côte d'Ivoire, a révélé que les espaces sécurisés pour les femmes, connus sous le nom d'« Espaces Sûrs », programme phare du SWEDD, ont plus d'impact lorsqu'ils sont associés aux CDM et aux CDFM.

En Guinée et au Mali, l'évolution du mari traditionnel vers le mari modèle brise les stéréotypes et ouvre la voie à une nouvelle ère de masculinité saine et d'égalité des sexes. Le travail d'Equimundo et de l'UNFPA est porteur d'espoir pour un monde plus inclusif et harmonieux, et souligne le pouvoir de la collaboration. Les Clubs des Maris démontrent que le changement est possible lorsque les individus remettent en question le statu quo, s'engagent dans la transformation et s'engagent sur la voie d'un avenir plus égalitaire.
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Du mari traditionnel au mari modèle : un voyage vers l'égalité des sexes et la redéfinition de la masculinité

En matière d'égalité des sexes et de masculinité saine, l'histoire que nous allons partager est tout simplement inspirante. Elle décrit en détail la création d'un programme novateur et son impact transformateur dans deux pays d'Afrique de l'Ouest : Guinée et Mali, où un projet mis en œuvre par l'UNFPA a été renforcé avec le soutien d'Equimundo, souligné ainsi le pouvoir de la collaboration interdisciplinaire.
Le Bureau régional de l'UNFPA pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre (WCARO) a entamé un partenariat avec Equimundo en 2018 pour son projet SWEDD, qui vise à stimuler le dividende démographique, à réduire les inégalités entre les sexes et à améliorer la planification familiale dans la région. L'objectif principal de cette collaboration était d'introduire des approches transformatrices de genre (ATG) dans les écoles de maris et Futurs maris (EDM, EDFM) de l'UNFPA, où, malgré l'obtention de résultats remarquables, l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes demeuraient des insuffisances importantes.
En tant qu'expert dans le domaine de la masculinité et de l'engagement des hommes, Equimundo a été invité à fournir une assistance technique et une formation aux facilitateurs et aux formateurs des écoles de maris afin qu'ils puissent promouvoir des changements positifs et transformer les normes masculines préjudiciables.
Les nombres de pays qui mettent en place des écoles de maris sont passés de six à trois pays avec une assistance technique continue de Equimundo tout en tirant les leçons des expériences uniques de chaque pays. Pour distinguer ce programme modifié des écoles des maris traditionnelles, Equimundo a introduit un nouveau nom – CDM/Club des Maris (Husbands Clubs/HC) et CDFM/Club des Futurs Maris(Future Husbands Clubs/FHC) – adapté au contexte local de chaque pays.
Shamsi Kazimbaya, chargée de programme principale à Equimundo, s'est rendue en Guinée, un nouveau pays participant au projet SWEDD, et au Mali, l'un des pays expérimentés, pour voir ce qui se passa sur le terrain, comment les communautés adoptaient le programme, écoutaient leurs récits de changement et comprendre comment les clubs des maris apportaient les hommes à changer les normes pour s'impliquer davantage dans la vie de leur famille. Le voyage avait également pour objectif d'enregistrer les difficultés rencontrées.
Lors de sa visite en Guinée, Shamsi a animé un atelier d'orientation à Kindia. Les membres des écoles de maris traditionnels, connus localement sous le nom de « Maris Modèles », ont été invités à partager leurs expériences et à apprendre en quoi l'approche du CDM/CDFM différait de l'approche traditionnelle. Un ''Mari Modèle'', après les discussions du premier jour, a réalisé qu'il avait beaucoup à apprendre et a immédiatement appliqué ses nouvelles connaissances pour améliorer la communication avec sa femme, en l'appelant ce soir-là et en remarquant à quel point leur communication était différente et positive – un changement total par rapport à la façon dont il communiquait avec elle auparavant. Lorsqu'il a raconté son histoire, tout le monde dans la salle a été stupéfait.
En Guinée, l'atelier comprenait deux activités tirées des manuels du CDM : la clarification des valeurs de genre et l'exploration de la dynamique du pouvoir. Ces activités ont révélé qu'alors que les Maris Modèles pensaient promouvoir l'égalité des sexes, certaines de leurs pensées renforçaient involontairement l'inégalité des sexes. Par exemple, un Mari Modèle pensait que les femmes devaient reconnaître que les hommes étaient plus intelligents pour maintenir l'harmonie dans le foyer, tandis qu'un autre pensait que l'autonomie financière des femmes causait des problèmes et conduisait finalement au divorce.

Ces observations soulignent l'importance du travail d'Equimundo pour remettre en question les normes traditionnelles en matière de genre dans ces communautés. Par exemple, l'activité « Personnes et choses » (utilisée lors de l'atelier en Guinée, voir les photos ci-dessus), qui fait partie du programme des clubs de maris, est un exercice puissant, transformateur et parfois émotionnels, car susciter chez les participants la prise de conscience sur l'existence du pouvoir dans les relations, les aide à réfléchir à la manière dont les gens communiquent et manifestent leur pouvoir, ainsi qu'à son impact. Au cours des discussions qui ont suivi l'exercice, les participants ont réfléchi au genre et aux relations entre les hommes et les femmes dans leur communauté, en établissant des liens entre la façon dont une personne peut se sentir opprimée ou traitée comme un « objet » dans certaines de ses relations et la façon dont elle peut, à son tour, traiter d'autres personnes comme des « objets ». Enfin, il encourage les participants à réfléchir à la manière dont ces liens peuvent les motiver à construire des relations plus équitables avec les femmes de leur foyer et de leur communauté.
La situation au Mali, offre cependant une image contrastée. Les hommes maliens ont fièrement raconté comment ils ont changé et décidé de briser les barrières culturelles pour s'impliquer davantage dans la vie de leur famille, en partageant les tâches ménagères avec leurs femmes et en s'occupant de leurs enfants, par exemple.
Une visite au club des maris du village de Fougani, au Mali, révèle l'histoire de Modibo, qui décrit avec fierté sa transformation en « mari modèle » en participant activement aux rôles traditionnels des femmes, tels que la cuisine. La réaction de son ami, qui crie « Gnougoutiguè Modibo » ou « Modibo, coupeur d'épinards », illustre l'humour et la résilience de leur quête de changement.

Les hommes, souvent appelés « tiemoussoman » (hommes devenus femmes), ne se laissent pas décourager par les étiquettes. Ils se concentrent sur l'impact positif qu'ils créent au sein de leurs familles et de leurs communautés. Les femmes, y compris les épouses et les voisines de ces hommes, confirment les changements et leur joie à leur sujet et plaident pour l'inscription d'un plus grand nombre d'hommes dans les clubs de maris. En effet, une évaluation à mi-parcours de l'impact de SWEDD dans un autre pays de mise en œuvre, la Côte d'Ivoire, a révélé que les « Espaces Sûrs » pour les femmes, programme phare de SWEDD, ont plus d'impact lorsqu'ils sont combinés avec les CDM et les CDFM.

En Guinée et au Mali, l'évolution du mari traditionnel au ''mari modèle'' brise les stéréotypes et favorise une nouvelle ère de masculinité saine et d'égalité des sexes. Le travail d'Equimundo et de l'UNFPA est une lueur d'espoir pour la création d'un monde plus inclusif et harmonieux, et souligne le pouvoir de la collaboration. Les clubs de maris montrent que le changement est possible lorsque les individus remettent en question le statu quo, s'engagent dans la transformation et sur la voie d'un avenir plus égalitaire.