Par Abby Fried, associée de programme chez Equimundo
Face à l'attention croissante portée à la lutte contre le terrorisme et l'extrémisme violent (CVE) ces dix dernières années, les décideurs politiques ont cherché à mieux comprendre comment mobiliser efficacement les différents acteurs dans la lutte contre la radicalisation et le recrutement de l'extrémisme violent. Cependant, à ce jour, peu d'approches cherchent à comprendre concrètement comment les normes et les identités liées à la masculinité peuvent à la fois être des moteurs de cette violence et ouvrir des perspectives de prévention.
Les approches traditionnelles de la lutte contre l'extrémisme violent (CEV) tentent de proposer des alternatives à l'adhésion à des groupes extrémistes ; cependant, elles négligent souvent les facteurs sexistes, tels que la quête de sens ou la notion d'honneur, qui peuvent inciter les hommes à rejoindre et à soutenir ces groupes. Les recherches et interventions qui prennent en compte le genre se sont principalement concentrées sur le rôle des femmes dans l'extrémisme violent. Cependant, les hommes et les garçons sont recrutés de manière disproportionnée par les groupes extrémistes et les rejoignent, et ils sont plus susceptibles de commettre des actes de violence extrémiste.
Recherche Une étude menée par Equimundo et d'autres organisations du monde entier révèle que les principaux facteurs de violence des hommes envers leurs partenaires féminines sont les attitudes inégalitaires entre les sexes et les attitudes favorables à la violence, l'implication dans des bagarres et les expériences de violence durant l'enfance. Le stress lié au revenu est également associé au recours à la violence par les hommes. Ces causes profondes de la violence interpersonnelle s'étendent également au recours à la violence collective par les hommes, y compris l'extrémisme violent.
Equimundo s'associe à Voix vitales, dans le cadre de la Voix contre la violence Consortium, afin d'approfondir la compréhension des liens entre inégalités de genre, masculinités néfastes, attitudes et pratiques favorisant la violence et extrémisme violent. Il s'agit notamment d'explorer les moyens de travailler avec les jeunes hommes autour de la construction identitaire et des traumatismes afin de prévenir leur recrutement dans la violence extrémiste. Le projet produira un document de référence et une note de plaidoyer axés sur les liens entre masculinités et extrémisme violent, avec les contributions de consultations d'experts du monde entier.
En privilégiant la « prévention » de l'extrémisme violent, il est nécessaire d'examiner plus en détail les raisons qui poussent les hommes à rejoindre ces groupes et de comprendre comment leurs identités de genre, construites au quotidien, sont manipulées à des fins de recrutement. Parallèlement, il est important de rappeler qu'une petite minorité d'hommes rejoint des groupes extrémistes violents, afin de comprendre pourquoi la plupart des hommes le font. pas rejoindre de tels groupes et faire entendre ces voix de paix.