Les résultats de l'Enquête internationale sur les hommes et l'égalité des sexes (IMAGES) en Tanzanie sont lancés aujourd'hui à Dar es Salaam, révélant une image complexe des rôles et des réalités des hommes et des femmes dans le pays.
Produite par Equimundo en partenariat avec UMATI et TACAIDS, l'Enquête internationale sur les hommes et l'égalité des sexes (IMAGES) – l'une des études sur les ménages les plus complètes jamais réalisées sur les attitudes et les pratiques des hommes et des femmes sur une grande variété de sujets liés à l'égalité des sexes – est lancée aujourd'hui en Tanzanie.
La recherche fournit de nouvelles données et perspectives pour comprendre comment les attitudes, les comportements et les normes sexistes des hommes et des femmes ont un impact sur une gamme de résultats en matière de bien-être et de développement, de la santé sexuelle et reproductive aux soins, à la violence, aux lois et aux politiques, et plus encore.
L'étude, publiée dans le rapport Élan vers l'égalité, combine une enquête auprès des ménages menée auprès de plus de 2 000 hommes et femmes dans cinq régions de Tanzanie avec une recherche qualitative axée sur la compréhension des dynamiques de genre qui façonnent la vie des adolescents et des jeunes adultes tanzaniens. Il s'agit de la première étude IMAGES – parmi plus de 40 menées dans le monde – à inclure des adolescents de moins de 18 ans, à recueillir des données sur l'emploi du temps et à mesurer les normes sociales liées au genre et les attitudes individuelles.
Bien que l’étude révèle des taux élevés de violence conjugale et d’homophobie, ainsi que des idées rigides sur les rôles de genre, les individus en général font état d'attitudes personnelles plus progressistes que leurs perceptions des comportements et des attentes dans la communautéCes différences entre les attitudes personnelles et les perceptions des normes sociales offrent un espace et une opportunité importants de changement, avec la capacité de créer une plus grande acceptation sociale autour de ces idéaux.
En outre, l’étude identifie certains facteurs associés aux hommes qui sont moins susceptibles de recourir à la violence et qui sont plus favorables à l’égalité des sexes, notamment le fait d’avoir des pères plus instruits et d’avoir des pères qui ont donné l’exemple en matière de prise de décision équitable.
IMAGES en Tanzanie dévoile les principales conclusions suivantes :
- La plupart des hommes et des femmes rejettent en théorie une vision à somme nulle de l’égalité des sexes, mais ils sont moins favorables à la transformation des rôles de genre à la maison : Alors que seulement 21% d'hommes et 16% de femmes affirment que « plus de droits pour les femmes signifie que les hommes y perdent », 71% de femmes et 63% d'hommes croient encore que le rôle le plus important d'une femme est de prendre soin du foyer et de cuisiner pour la famille.
- Les taux d’homophobie sont presque omniprésents parmi les répondants : Environ 90% des répondants disent qu'ils n'auraient pas d'ami gay et qu'ils auraient honte s'ils avaient un fils gay.
- En Tanzanie, les femmes continuent de consacrer 2,5 fois plus d’heures que les hommes aux tâches ménagères : Les données sur l'utilisation du temps de l'étude montrent que les femmes passent près de 30 heures par semaine à cuisiner, nettoyer, faire la lessive, aller chercher de l'eau et aller au marché, tandis que les hommes consacrent un peu plus de 12 heures par semaine à ces tâches.
- Les hommes qui ont vu leur père participer aux tâches ménagères sont plus susceptibles de le faire, ce qui montre des avantages intergénérationnels pour l’égalité des soins non rémunérés : 45% d'hommes dont les pères participaient aux tâches ménagères dans leur foyer d'enfance déclarent qu'ils effectuent eux-mêmes ces tâches à l'âge adulte, contre 29% d'hommes dont les pères n'y ont pas participé.
- Les adolescents sont plus susceptibles que les adultes d’utiliser des préservatifs lors de leur premier rapport sexuel, mais ils sont moins susceptibles d’avoir subi un test de dépistage du VIH : Un adolescent sur trois et près de 40% de femmes adolescentes ont utilisé un préservatif lors de leur premier rapport sexuel, soit plus que la proportion d’hommes et de femmes adultes (respectivement 28% et 19%) qui ont déclaré avoir utilisé un préservatif lors de leur premier rapport sexuel. 59% d’hommes adolescents et 30% de femmes adolescentes n’ont jamais été testés pour le VIH, tandis que seulement 18% d’hommes adultes et 5% de femmes adultes n’ont jamais été testés.
- Les taux de violence conjugale au cours d’une vie en Tanzanie sont très élevés, et les trois quarts des hommes déclarent avoir recours à des comportements contrôlants : 3 femmes sur 5 déclarent avoir déjà subi des violences physiques ou économiques, 1 sur 3 des violences sexuelles et plus de 60% des violences émotionnelles. 3 hommes sur 4 déclarent utiliser au moins un comportement de contrôle avec leur partenaire intime, comme le fait que l'homme ait plus de poids dans les décisions importantes qui affectent le couple, qu'il ait besoin de savoir où se trouve la femme tout le temps ou qu'il s'attende à ce que sa partenaire accepte d'avoir des relations sexuelles quand il le souhaite.
Les résultats d'IMAGES Tanzanie mettent en lumière les domaines potentiels pour faire avancer le programme d'égalité des sexes dans le pays par le biais d'approches structurelles, intergénérationnelles et communautaires :
- Les programmes de transformation des genres et les efforts de prévention de la violence en Tanzanie, comme dans de nombreux autres endroits, auront probablement un impact plus important si elles tiennent compte de l’insécurité alimentaire et du stress économique, par exemple, par la fourniture d’argent liquide, de nourriture, de transferts en nature ou de soutiens à la génération de revenus, compte tenu des taux élevés de difficultés économiques signalés par les hommes et les femmes.
- Les pères tanzaniens se soucient et veulent prendre soin de leurs enfants, et les hommes sont généralement favorables à l'accès et à l'utilisation de la contraception par les adolescents, ce qui suggère des opportunités pour impliquer les hommes en tant que pères, aux côtés des mères, via la formation parentale, dans la promotion de l’égalité des sexes, la réduction de la violence à l’égard des enfants et des femmes et la promotion de la santé et des droits sexuels et reproductifs des adolescents.
- Les femmes et les hommes ont systématiquement des opinions plus équitables et sont plus favorables à l'égalité des femmes qu'ils ne le pensent chez les autres individus de leur communauté, et le faible recours déclaré à la violence conjugale par les hommes par rapport au taux d'expérience des femmes suggère que les hommes savent que la violence est socialement inacceptable. Les approches positives, ou non déficitaires, et les approches de changement des normes sociales peuvent fournir une base solide Pour des interventions auprès des témoins ou des intervenants similaires qui apprennent aux hommes à agir selon ce qu'ils savent ou perçoivent comme « juste ». Les futures campagnes ciblant les hommes pourraient mettre l'accent sur les aspects positifs : « Vous reconnaissez que la violence est inacceptable. Mettons-y fin. »
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