Par Kate Doyle, responsable principale des programmes, Equimundo et Jane Kato-Wallace, directrice des programmes, Equimundo
Chez Equimundo, nous croyons que l'avortement est un droit humain et sommes d'accord avec les organisateurs de Journée internationale de l'avortement sécurisé, que « l'avortement sûr et accessible est un bien social qui est indissociable des questions plus larges d'égalité sociale et de justice ». Comme l'a souligné le récent Guttmacher-Lancette Commission rapport, l’avortement sans risque est un pilier essentiel d’une plateforme globale de santé et de droits sexuels et reproductifs. Cela inclut le droit des femmes à choisir si et comment un partenaire masculin est inclus dans leurs décisions et services en matière de santé sexuelle et reproductive.
De nouvelles études que nous avons menées avec des partenaires en Inde et au Rwanda montrent les différentes manières dont les hommes s'engagent dans la promotion du droit des femmes à l'avortement, notamment en tant que partenaires soutenant la prise de décision en matière d'avortement prénuptial et en tant que militants œuvrant pour des changements politiques visant à rendre l'avortement sûr, légal et accessible. Nous constatons que :
Les hommes profitent souvent de leur privilège social pour soutenir leur partenaire dans sa recherche d’avortement avant le mariage.
En Inde, en collaboration avec le Centre international de recherche sur les femmes (ICRW)-AsieNous avons constaté que les hommes dont les partenaires sollicitaient un avortement prénuptial agissaient souvent comme des « prestataires de services tout-en-un », en particulier dans le cas des femmes issues de milieux défavorisés. Ces hommes, agissant en position de privilège social leur offrant une plus grande mobilité et une plus grande autonomie, recherchaient des informations sur les kits de grossesse, les pilules abortives, les cliniques, achetaient des médicaments, consultaient des médecins, accompagnaient leur partenaire à la clinique et payaient pour des services d'avortement. Ce soutien était souvent offert en raison de la pression sociale exercée sur les hommes pour les inciter à se comporter en protecteurs, ainsi que de leur souci du bien-être de leur partenaire. Parallèlement, les hommes ont également déclaré ressentir de la culpabilité, de la honte et de la peur d'avoir placé leur partenaire dans cette situation. Selon un répondant : « Nous avons tous les deux ressenti un sentiment de honte après cet épisode. Nous avions le sentiment d'avoir commis une erreur. » Cette étude révèle, entre autres, que le discours en Inde qui dépeint les hommes célibataires comme hypersexuels, exploiteurs et irresponsables doit être examiné plus en détail et élargi.
Les expériences personnelles motivent souvent les hommes à s’engager en tant que militants, mais il faut faire davantage pour démanteler les normes de genre inéquitables afin d’accroître la capacité des femmes à défendre leurs propres droits reproductifs.
Au Rwanda, avec Amy Shipow et Natacha Mugeni de Initiative de développement de la santé Au Rwanda, une étude portant sur les militants masculins militant pour un avortement sécurisé a révélé que ces militants se déclarant hommes étaient généralement motivés par le constat des conséquences subies par les femmes contraintes de mener des grossesses non planifiées et non désirées, notamment à la suite d'un viol. Nous avons également constaté que les normes de genre traditionnelles, qui découragent les femmes de s'exprimer ou d'aborder les questions de sexualité, empêchaient souvent les militantes de jouer un rôle visible dans la défense du droit à l'avortement, tandis que l'inverse était vrai pour les hommes. Cette recherche suggère que si les hommes peuvent et doivent continuer à jouer un rôle essentiel dans la promotion du droit à l'avortement, nous devons démanteler les normes de genre inéquitables afin que davantage de femmes qui le souhaitent puissent plaider pour l'accès à un avortement sécurisé et légal. Les résultats montrent que si les femmes soutiennent les hommes dans leur plaidoyer pour un avortement sécurisé et légal, les militants, hommes et femmes, reconnaissent le pouvoir collectif et le potentiel que des stratégies de plaidoyer conjointes pourraient générer.
En résumé, cette recherche met en lumière le double tranchant de la participation positive de nombreux hommes à l'accès des femmes à des soins d'avortement médicalisé. D'un côté, de nombreux hommes étaient favorables, mais c'est leur plus grand privilège et leur liberté de mouvement ou de parole par rapport aux femmes (selon le contexte) qui leur ont permis d'apporter ce soutien. Nous pensons que les hommes peuvent et doivent jouer un rôle important dans l'affirmation de l'accès des femmes à des soins d'avortement médicalisé. Et ils doivent être des alliés pour garantir aux femmes l'égalité des droits.