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Par Gary Barker
Initialement publié sur le site du Council on Foreign Relations Blog du programme Femmes et politique étrangère

Two people hold hands. Photo: Perttu Saralampi.
Photo de Perttu Saralampi

Ce mois-ci, plus de trente hommes auraient violé collectivement une adolescente de seize ans au Brésil en raison de son infidélité supposée envers son petit ami. Quelques mois auparavant, mon organisation… EquimundoUne étude a révélé que près de la moitié des filles interrogées dans une école de l'est de la République démocratique du Congo ont déclaré avoir eu des relations sexuelles contre de l'argent. Dans les deux cas, la réponse a été, à juste titre : il faut retrouver les hommes responsables et les tenir responsables.

Nous devons tenir responsables les hommes qui commettent des actes de violence sexuelle et domestique. L'une des avancées majeures en matière de droits des femmes au cours des trente dernières années a été l'adoption de lois interdisant aux hommes de recourir à la violence contre les femmes et les filles, que ce soit au sein de leur foyer ou à l'extérieur. Nous savons cependant, grâce à enquêtes auprès des ménages Selon nos recherches, entre 20 et 50 % des hommes déclarent avoir eu recours à la violence physique contre leur partenaire. Dans certains pays, jusqu'à un homme sur cinq déclare avoir forcé une femme, y compris sa partenaire, à avoir des relations sexuelles contre son gré. Si nous devons œuvrer pour la responsabilisation, si nous croyons pouvoir mettre fin aux violences sexuelles et autres formes de violences sexistes, nous devons privilégier la prévention. Et cela implique de commencer par les garçons et les jeunes hommes.

Que ce soit en temps de conflit ou en temps de paix, les causes de la violence masculine envers les femmes sont assez universelles. Les données de notre étude multi-pays, Enquête internationale sur les hommes et l'égalité des sexes (IMAGES) constatent que les hommes témoins de violences envers leur mère durant leur enfance sont 2,5 fois plus susceptibles de les réitérer plus tard. Les hommes victimes de violences durant l'enfance et témoins de violences envers leur mère sont quatre fois plus susceptibles de déclarer avoir recours à la violence envers les femmes. Les hommes qui se croient en droit d'avoir des relations sexuelles, qui ont des valeurs inéquitables, qui pensent pouvoir s'en tirer et qui ont une attitude hostile envers les femmes sont tous plus susceptibles de recourir à la violence envers les femmes. Si l'on ajoute à cela le manque général de responsabilisation des hommes violents et le statut économique et social limité des femmes dans de nombreux contextes, on obtient un environnement propice à la reproduction de la violence envers les femmes.

Qu'est-ce qui fonctionne pour l'arrêter ? De plus en plus de données probantes montrent qu'une prévention primaire ciblée et bien conçue peut contribuer à modifier les attitudes favorables à la violence et à réduire le recours des hommes à la violence envers les femmes. L'éducation de groupe structurée avec les garçons dans les écoles, les milieux sportifs et les communautés s'est avérée efficace. Soutenir les femmes par l'autonomisation économique et les réseaux sociaux, combiné à la sensibilisation des partenaires masculins ou des maris à la lutte contre la violence, est prometteur. Les stratégies de mobilisation communautaire à plusieurs volets, impliquant les responsables locaux, le secteur de la santé, les entrepreneurs locaux, les travailleurs des transports et d'autres acteurs, pour créer un environnement de tolérance zéro, sont également efficaces. Les programmes d'intervention auprès des agresseurs, lorsqu'ils sont intégrés aux communautés, peuvent également contribuer à prévenir la récidive.

Les programmes de formation parentale peuvent également s'avérer efficaces. Les données émergentes d'un essai contrôlé randomisé mené par Equimundo auprès de pères et de mères au Rwanda révèlent des taux de violences masculines envers les femmes (déclarées par les femmes) significativement plus faibles dans le groupe d'intervention que dans le groupe témoin. Notre intervention, comme d'autres similaires, constate également une réduction des violences envers les enfants, prévenant ainsi de futurs cycles de violence conjugale.

Alors que les preuves de l'efficacité de la prévention primaire se multiplient, pourquoi ces programmes ne sont-ils pas encore déployés à grande échelle ? Des données probantes suggèrent que les violences basées sur le genre (VBG) peuvent coûter cher. 1 à 2 pour cent du PIB de certains pays, en grande partie à cause de la perte de salaire des femmes, il est temps de penser à la prévention au niveau macroéconomique. Les pays devraient être incités, comme Justice de genre Sonke Ce que fait l’Afrique du Sud pour créer des plans nationaux chiffrés visant à renforcer la prévention et l’atténuation de la violence sexiste.

Il est également essentiel d'impliquer les pères dans le processus. L'année dernière, nous avons lancé le tout premier L'état des pères du monde Ce rapport vise à attirer l'attention sur la nécessité d'impliquer les hommes dans des soins équitables et non violents. Cette année, pour la fête des Pères, nous lançons le tout premier rapport. État des pères de l'Amérique, de se concentrer sur les politiques de congés, le partage de l’égalité des soins et l’importance de la formation des parents pour briser les cycles de violence.

Les données montrent que le fait de transmettre des messages clairs aux garçons et aux hommes sur la manière de dénoncer la violence, de les atteindre dès le début avec des messages et des discussions sur l’égalité et le respect, et de tenir les hommes qui recourent à la violence responsables peut contribuer à briser le cycle de la violence.

C'est peut-être le message clé de la Fête des Pères : nous savons qu'environ un homme sur trois dans le monde a déjà eu recours à la violence physique ou sexuelle contre une femme ou une fille. La majorité des hommes et des pères dans le monde n'y recourent pas. Mais ils ne dénoncent pas non plus la violence exercée par d'autres hommes. Un mouvement mondial de prévention implique que tous les hommes et les pères s'inscrivent dans un cycle de changement : ils remettent en question la violence des autres hommes, la dénoncent ouvertement et en parlent à leurs fils et filles. C'est alors que le cycle de la violence, au Brésil, en RDC, aux États-Unis et dans le monde, prendra fin.

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